Portrait de l'artiste: Alessandra Weber
L’artiste autodidacte Alessandra Weber, dont l’exposition "Safe Spaces" est maintenant ouverte chez Paul Smith Hamburg, parle de minimalisme, surmontant les craintes de s’exprimer et pourquoi travailler en prenant son temps, dans un silence total, est son secret.
Bien que basée sur la vie quotidienne dans sa ville natale de Berlin, il n’y a pas de moyen évident de connaître le lieu ou le cadre de chaque œuvre, ce qui leur confère une universalité émouvante. Prenez l’objet semblable à un globe terrestre : est-ce un soleil, une lune, une planète ou même la terre ? « Je ne sais pas », dit Alessandra. « Je pense que cela donne une atmosphère réelle et surréaliste aux collages. Peut-être quelque chose d’éthéré. C’est surréaliste, mais aussi palpable et léger. [Il représente] une vie sans temps. Il rend les collages intemporels. »
J’espère que les gens peuvent tomber dans une sorte d’état méditatif. Être unis avec les couleurs et les formes.
Alessandra Weber
FIGURE IV: ALESSANDRA AT WORK IN HER STUDIO.
L’utilisation de divers matériaux, dont du papier, de l’acrylique et des encres, le manque de formation professionnelle lui a donné plus de liberté dans son travail. « Les artistes autodidactes apprennent comme les enfants. Je ne ressens pas cette pression d’avoir à faire des choses parfaites », dit-elle. L’exposition lui a également donné l’occasion d’expérimenter à plus grande échelle. « Travailler sur de grands formats intensifie le sentiment de devenir un avec le travail », explique Alessandra. En fait, la façon dont elle se sent en faisant ses pièces – un sentiment écrasant de calme et de paix – est ce qu’elle espère que les gens vivent lorsqu’ils les voient. « J’espère que les gens peuvent tomber dans une sorte d’état méditatif, dit-elle. Être unis avec les couleurs et les formes. »
FIGURE IV: ALESSANDRA AT WORK IN HER STUDIO.
Pourquoi es-vous devenue artiste ?
Quand j’étais jeune, je voulais étudier les beaux-arts, mais devenir artiste, c’était quelque chose qu’il ne fallait pas prendre trop au sérieux. Aujourd’hui, j’enseigne à l’Université des Arts de Berlin. Entrer en contact avec des étudiants en art et visiter des ateliers m’a beaucoup inspiré. Au début de la pandémie, le monde s’est arrêté et j’ai commencé à faire des collages en écrivant ma thèse sur la phénoménologie du toucher. C’était une période de méditation, de confort et de créativité. C’était la première fois que je pensais à être un artiste et à le prendre au sérieux.
Où trouvez-vous l’inspiration ?
Je m’inspire des matériaux et des couleurs, de leur sensualité. Quand je fais quelque chose avec eux, ils me font quelque chose. Être inspiré, pour moi, signifie résonner avec quelqu’un ou quelque chose. Je trouve l’inspiration dans le vide de ne rien faire. Je n’ai rien besoin de faire pendant un certain temps pour faire quelque chose de nouveau. Je trouve aussi de l’inspiration dans la nature. Je me sens connectée. Je me sens inspirée quand je me sens touchée par le monde. Je comprends l’inspiration comme une forme de perception immédiate.
Comment décririez-vous votre travail?
Minimaliste, atmosphérique, calme. Le minimalisme me permet de pratiquer une perception minimale, d’attraper des détails, d’explorer l’appartenance, la connexion et la résonance.
Pourquoi travaillez-vous principalement dans votre médium?
Je travaille principalement avec du papier, et surtout du papier aquarelle de coton. Je travaille aussi avec de l’acrylique, des crayons de couleur ou de l’encre sur papier.
Qu’espérez-vous que les gens retirent de votre art? Qu’essayez-vous de dire?
J’espère que les gens se sentent “appelés” et touchés par quelque chose dans mon art. Pas une signification, mais une expérience du corps : une expérience sensuelle d’émotions.
En quoi le fait d’être un artiste influe-t-il sur votre vision de la vie?
Je suis plus courageuse en m’exprimant. Cela m’aide à surmonter ma peur de le faire.
PHOTO V : MATÉRIAUX DE COLLAGE. PHOTO VI : MOTS QUE VOUS NE DITES PLUS
Comment vous sentez-vous lorsque vous travaillez? Qu’est-ce qui vous passe par la tête?
Je me sens calme, connecté avec mon corps et plein d’impressions, mais d’une certaine façon aussi vide, parce que je ne pense pas vraiment. Je n’ai pas de mots en tête, mais des impressions, des sentiments et des couleurs. Je me sens libre et légère.
Avez-vous une routine particulière ou des “ rituels ” lorsque vous travaillez?
J’aime travailler en silence. Être seule en silence et boire du thé au jasmin sont peut-être les seuls rituels que j’ai. Mais parfois je me fixe sur une chanson et la joue encore et encore, comme un mantra. J’aime travailler lentement et prendre des pauses, ou être si absorbée par quelque chose que j’en oublie de manger.
FIGURE VII: ALESSANDRA’S STUDIO.
À quoi ressemble votre journée de travail habituelle?
J’adore me lever tôt le matin et avoir toute la journée pour faire de l’art, sans autre rendez-vous. Habituellement, je regarde les matériaux, les couleurs et je pense à de nouvelles formes pour mes paysages. Je ne suis pas douée pour préparer, dessiner ou planifier. J’arrête de penser et je commence à faire. Parfois, il faut beaucoup de temps avant qu’un travail soit terminé, parfois il faut quelques minutes. Par temps ensoleillé, je me promène dans les bois avec mon carnet de croquis. Cela me calme et m’inspire.
Si vous n’étiez pas artiste, que feriez-vous et pourquoi ?
Je serais écrivaine. Je comprends le langage comme une matière vivante et sensuelle. Quand j’écris sur quelque chose, je crée aussi quelque chose d’une certaine façon, et j’en fais partie.
FIGURE VII: ALESSANDRA’S STUDIO.
Nous sommes désolés, les œuvres de Alessandra Weber sont désormais épuisées.